Title: Polémique et bataille du genre. La réception des "Considérations sur la Révolution française" de Germaine de Staël
Author, co-author: Saintes, Laetitia
Abstract: Si Germaine de Staël est généralement considérée comme l’un des écrivains les plus célèbres de la période révolutionnaire et impériale, le versant politique et historique de son œuvre n’en est pas moins méconnu – la critique tendant à privilégier sa production romanesque, et l’histoire ne s’occupant guère, ou à peine, de l’auteure. Cela ne fut pas le cas, toutefois, de la part de ses contemporains, tant l’œuvre staëlienne, politique ou romanesque, a souvent fait l’objet d’une réception pour le moins polémique ; le cas des Considérations sur la Révolution française, ouvrage publié à titre posthume en 1818 et dont les soixante mille exemplaires furent écoulés en quelques jours à peine, est à cet égard exemplaire. Outre les comptes-rendus parus dans la presse périodique, les Considérations sont l’objet, fait remarquable, de trois ouvrages majeurs de critique ou de réfutation, rédigés et/ou publiés en 1818. Le préjugé misogyne qui les irrigue traverse toutefois l’ensemble de la réception des Considérations, témoignant en filigrane de la vision de toute une époque quant à la place des femmes dans l’histoire – à leur légitimité à en témoigner, à l’écrire selon certaines modalités. Car endosser le rôle de l’historienne revêt une ambition tout autre que celle qui consisterait à écrire l’histoire en romancière ou en mémorialiste : historienne, la femme qui prend la plume s’arroge le rôle de sujet dans une histoire – celle de la Révolution, qui plus est – que chaque camp tente de récupérer à son profit. Le présent article s’emploie à observer comment de part et d’autre, du côté de Staël comme de celui de ses détracteurs, l’attente genrée concernant la prise de parole d’une femme dans l’espace public, et a fortiori sur une matière politique, et dans un texte voulu comme historique, détermine l’occasion polémique : que ce soit du côté de la femme auteur, en ce qu’elle prévoit les résistances et adapte son discours pour les déjouer, ou du côté des lecteurs, qui prétendent ne pas céder et voient partout des pièges de séduction.
Commentary: 2261-5881
Author, co-author: Saintes, Laetitia
Abstract: Si Germaine de Staël est généralement considérée comme l’un des écrivains les plus célèbres de la période révolutionnaire et impériale, le versant politique et historique de son œuvre n’en est pas moins méconnu – la critique tendant à privilégier sa production romanesque, et l’histoire ne s’occupant guère, ou à peine, de l’auteure. Cela ne fut pas le cas, toutefois, de la part de ses contemporains, tant l’œuvre staëlienne, politique ou romanesque, a souvent fait l’objet d’une réception pour le moins polémique ; le cas des Considérations sur la Révolution française, ouvrage publié à titre posthume en 1818 et dont les soixante mille exemplaires furent écoulés en quelques jours à peine, est à cet égard exemplaire. Outre les comptes-rendus parus dans la presse périodique, les Considérations sont l’objet, fait remarquable, de trois ouvrages majeurs de critique ou de réfutation, rédigés et/ou publiés en 1818. Le préjugé misogyne qui les irrigue traverse toutefois l’ensemble de la réception des Considérations, témoignant en filigrane de la vision de toute une époque quant à la place des femmes dans l’histoire – à leur légitimité à en témoigner, à l’écrire selon certaines modalités. Car endosser le rôle de l’historienne revêt une ambition tout autre que celle qui consisterait à écrire l’histoire en romancière ou en mémorialiste : historienne, la femme qui prend la plume s’arroge le rôle de sujet dans une histoire – celle de la Révolution, qui plus est – que chaque camp tente de récupérer à son profit. Le présent article s’emploie à observer comment de part et d’autre, du côté de Staël comme de celui de ses détracteurs, l’attente genrée concernant la prise de parole d’une femme dans l’espace public, et a fortiori sur une matière politique, et dans un texte voulu comme historique, détermine l’occasion polémique : que ce soit du côté de la femme auteur, en ce qu’elle prévoit les résistances et adapte son discours pour les déjouer, ou du côté des lecteurs, qui prétendent ne pas céder et voient partout des pièges de séduction.
Commentary: 2261-5881